…D.I.E.U. SAUVEGUIDE.

Étape 84 / Dimanche 19 juillet / Santiago de Compostelle

 

Me voici rendu, seulement quelques pas encore pour atteindre la grande place devant le sanctuaire, la cathédrale dans la crypte de laquelle on découvre le tombeau de saint Jacques le Majeur. Ce sont les derniers moments de ce pèlerinage virtuel. J’ai été remis en route par la lecture du livre de Guy Trainar. Je vais enfin savoir ce que signifie le titre de son livre. Que signifient donc ces points entre les lettres qui composent le mot DIEU ? Nécessairement, chacune des lettres est une initiale. Je vais découvrir cela aujourd’hui alors que se termine ma douzième semaine de marche. J’y ai parcouru 135 km en méditant sur les sujets que proposait Guy :

 

« Parole élevée au sacré édifiant intimement à prier D.I.E.U. sauveguide. »


Itinéraire depuis Triacastela jusqu’à Santiago de Compostelle (12e semaine)

Itinéraire depuis Triacastela jusqu’à Santiago de Compostelle (12e semaine)

 

Au total, depuis Saint-Chef, près de Morestel, d’où je suis parti en retraçant l’itinéraire de Guy, j’ai accompli 1 755 km pour vénérer le saint chef de Santiago. Comme lors mon premier pèlerinage de 2005, ce fut une aventure ébouriffante. J’ai touché à des sujets que l’on n’aborde pas chaque jour ! J’imagine que je mérite à nouveau de recevoir ma « compostela » dans un bâtiment annexe. C’est le diplôme de pèlerin en latin attestant qu’on a effectué le pèlerinage jusqu’au ce lieu saint. On le reçoit si on présente le « credencial », cette sorte de passeport qu’il faut avoir soin de faire tamponner pour apporter la preuve de tous les lieux et dates d’hébergement.

 

Itinéraire depuis Saint-Chef, près de Morestel en Dauphiné,  jusqu’à Santiago de Compostelle en Galicie.

Itinéraire depuis Saint-Chef, près de Morestel en Dauphiné, jusqu’à Santiago de Compostelle en Galicie.

 

Voici ce que Guy tient à conclure avec les initiales du mot D.I.E.U. D’abord la lettre D. Elle se réfère au mot « dynamique » car tout semble en mouvement dans l’univers, tout le temps, depuis le particulaire jusqu’à l’astral. Si on croit observer du repos, ce n’est qu’une particularité locale dans un monde toujours en mouvement.

 

Puis vient le I. Guy pense que la dynamique gouverne autant le matériel que l’immatériel. Il ressent qu’elle n’arrête pas de donner forme à la matière tout en « informant » l’esprit : « matière et esprit s’en édifient mutuellement », dit-il. Nous voici donc avec une « dynamique informant » de façon continue. Elle ne cesse d’édifier l’humain, Guy, moi, et vous lecteurs qui nous lisez.

 

Ensuite, voici le E. Il se réfère au mot « épanouissement ». Car Guy croit pouvoir ajouter que la dynamique anime un devenir général, constamment ouvert vers plus d’épanouissement. Cela, il le reconnaît, ne permet pas de préciser la nature de cet épanouissement, mais Guy estime que là n’est point l’essentiel. Nous voici donc arrivés à une « dynamique informant l’épanouissement ».

 

Et enfin vient le U. Guy propose que la dynamique s’implique dans tout ce qui existe et s’adresse à tout ce qui existera. Peut-être bien qu’elle a donc un caractère « universel », en tout cas dans la manière dont peut l’imaginer la pensée humaine. Après tout, le Dieu de la religion, ou des religions, n’est-il pas censé être à l’origine de tout ce que peuvent observer ou concevoir les êtres pensants, les humains ?

 

Et voilà le résultat en quatre mots qui se réunissent sous le couvert du sigle D.I.E.U. : « Dynamique Informant l’Épanouissement Universel ». Voilà ce qui nous « sauveguide » !

 

À peine ce sigle établi, Guy le reconnaît lui-même, on peut se sentir déçu comme par une « lamentable pirouette » de sa part. Et là, je suis hélas d’accord. Aussi, voudrais-je mieux comprendre ce qui conduit à cette déception !

 

Objectivement, la science permet en effet de constater ce que Guy avance avec son sigle : oui, toute chose est en mouvement perpétuel, de son fait propre ou bien du fait de l’astre sur lequel elle se trouve ; oui, tout semble contribuer à former quelque chose de neuf, évoluer vers quelque chose de différent ou informer ceux qui sont capables d’être informés et cherchent à vouloir s’informer. Mais prétendre que cela conduit en permanence à de « l’épanouissement universel » me semble très subjectif.

 

Il me semble que le mouvement perpétuel conduit à autant d’impasses et d’anéantissements (des trous noirs !) qu’à des « épanouissements ». Ce mot « épanouissement » implique de nos jours plus souvent en effet des choses positives que négatives. On l’associe plus volontiers à la floraison, à l’éclosion, à des éruptions plaisantes et des expansions généreuses qu’à ce qui fait suite : la déliquescence, la décadence ou l’aliénation. Or Guy voit en la dynamique dont il parle l’épanouissement de la lumière, ne sachant confirmer si elle n’est que cosmique ou bien si elle est aussi cérébrale. Et cela, avec sa pirouette, lui permet de ne pas rompre avec l’idée de prier, sauf qu’il prie maintenant « son D.I.E.U. sauveguide ». Or, même la lumière peut être complètement absorbée par gravitation dans la matière : une matière tellement dense et massive que même la lumière ne peut en sortir, le trou noir ! Ce phénomène n’est pas très épanouissant, me semble-t-il. Peut-on aussi prier un trou noir ?

 

Je respecte sa façon de se construire une telle vision qui lui est personnelle. C’est une nouvelle façon d’aborder de ce que je crois, moi, être un « DIEU sauveguide » en majuscules et sans points entre les lettres. Pour moi, en examinant ce que je crois à la « lumière » de ce que Guy m’a aidé à débrouiller dans mes notes d’étapes où j’accompagnais ce que je recevais de lui, j’ai le sentiment qu’il existe vraiment un Dieu plus généreux.

 

C’est pour moi un Dieu que nous ne pouvons comprendre en Sa totalité et Son unicité. Je ne peux le réduire à être pour mon esprit une dynamique d’information en constant épanouissement universel. Je crois, par l’assurance qu’Il a donné en ayant envoyé son Fils vrai Dieu lui-même et vrai homme en même temps, qu’Il tient à nous rassurer sur un accompagnement indéfectible malgré toute épreuve que nous ayons à affronter. Si tous les humains se mettent à respecter ce Dieu-là, et se mettent à genoux pour l’implorer d’écarter l’impact imminent d’une météore, je veux croire que ce Dieu-là a le pouvoir de détourner la course du bolide.

 

Ai-je tort ? Guy a-t-il raison ? Personne, de toute façon, ne peut apporter preuve dans un sens ou dans l’autre, je pense. Et du moment que personne ne s’affronte autrement que par une joute d’écriture, comme je viens de le faire, puissent aussi bien Dieu ou D.I.E.U. nous sauver et nous guider !

 

 


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