Epilogue redécouvrant le schéma du prologue
Il est temps de revenir à ce schéma pas tout à fait complet du prologue de ce pèlerinage virtuel. Je pense que comme moi, vous le voyez un peu comme une horloge dont chaque heure a été une semaine du parcours effectué avec les titres de chapitres du livre de Guy Trainar. Le dilemme que Guy proposait au départ doit maintenant trouver une réponse. « Est-ce que je prie Dieu parce qu’il existe ? », ou bien, « Dieu existe-t-il parce que je le prie ? ».
En parcourant la belle nature entre Saint-Chef près Morestel et Santiago de Compostelle, à l’invitation de l’auteur de D.I.E.U. sauveguide ?, j’ai délibérément remis en question tout le discours religieux reçu depuis mon enfance pour dire ma réponse à ce dilemme. J’ai beaucoup aimé l’approche de Guy. Il m’a forcé à remettre en question des attendus trop anthropomorphiques attribués aux aspects classiques de Dieu. Ceux-ci venaient des livres sacrés des religions occidentales, la tradition judéo-chrétienne et l’islam en particulier.
Guy s’est justement rebellé contre la vision d’un Dieu arrangé à la mesure humaine. Il a démoli les traits que l’on pourrait imaginer sur son visage, ceux d’un Dieu « terrifiant », ceux d’un Dieu « révélé », d’un Dieu « personne ». Il a remis en question l’ « absolu » de Dieu, son « omniscience », le fait que le mot Dieu s’associe à la notion de « créateur ». Je ne l’ai pas toujours rejoint en ces domaines. Quand il voyait ces notions plus comme des moyens de pression pour justifier des hiérarchies asservissant d’autres humains, je me joignais à lui. Mais intimement, je n’étais personnellement pas capable d’enlever de façon définitive tous les attributs nécessairement impalpables par l’être humain autrement qu’en pensée dès qu’on veut expliquer l’origine de l’univers et le rôle divin dans ce qu’on y trouve.
Ainsi, je ne peux accepter l’ « absence » de Dieu, ni qu’Il est totalement « indécidable » car j’ai décidé de Sa présence à de multiples reprises dans ma vie, et j’ai aussi donné des exemples de sa « bienveillance », ressentie par exemple avec force il y a 10 ans dans les circonstances relatées ici avec l’étape de Rocamadour (étape 23) et l’épisode du gîte San Nicolás à Itero del Castillo (étape 63 et 64). Ce n’était pas alors du virtuel, cette impression d’avoir été sauvegardé d’une chute, et guidé jusqu’à l’expérience eucharistique de communion proposée par mamma Alba : que Dieu la préserve !
Guy Trainar ne nie pas dans la nature des choses le concept d’un esprit capable d’inspirer à l’humain des pensées originales. Il le ressent comme capable de nourrir son inconscient d’un flot continu d’informations capable d’éclairer ce qu’il appelle son « Envers » : le monde de l’observable et des apparences. Il considère comme possible ce qu’il appelle son « Endroit » : le lieu d’une réalité qui lui restera à jamais invisible.
J’aime cette manière de décrire la perception que l’on peut avoir au contact de la nature, où certaines choses semblent couler de source sans qu’on sache d’où elles proviennent. La différence pour moi sera d’abord de mettre un E majuscule au mot Esprit, et de vouloir croire que ce qui est invisible nous sera un jour révélé une fois que notre âme aura quitté son enveloppe charnelle et putrescible.
L’Esprit dont je parle est la manifestation de l’amour de Dieu pour nous, et cette manifestation existe même parmi ceux qui n’ont pas lu ou n’adhèrent pas à la Bible. Et je veux croire que quand je serai remis à l’Endroit, j’y rencontrerai aussi toutes les âmes de ceux que j’ai moi-même voulu aimer dans cette première existence.
Et donc pour moi, le point d’interrogation laissé au midi de la rosace de mon prologue est le mot « Amour », synonyme de Dieu, et bien plus fort et concret pour moi que l’intéressant mais incomplet sigle D.I.E.U. « Dynamique Informant l’Épanouissement Universel ».
Moi, je crois que je prie Dieu parce qu’Il existe ! Ultreïa !